La Permanence Architecturale
La preuve par 7 | Patrick Bouchain et Loïc Julienne | Octobre 2015
Le 16 octobre 2015 au Point H^ut, lieu de création urbaine à Saint-Pierre-des-Corps, à l’initiative de Patrick Bouchain et Loïc Julienne, une centaine de personnes venues de tous bords, ont été invitées à définir les différents actes de la permanence architecturale. Ce protocole vient répondre au constat, exprimé entre autres par Sophie Ricard, qu’il n’est plus possible d’imaginer et de construire la ville de manière distanciée, en omettant les différents éléments qui la composent. Ainsi l’architecte doit recréer du lien avec le milieu du projet. Cette manière de penser l’architecture est vécue comme un état d’esprit où il est demandé de «  se rendre disponible à l’évolution impensée d’un projet ». On peut voir que la pratique de la permanence architecturale peut être, notamment, utilisée lors de chantiers de réhabilitation. Cela est le cas pour les Universités foraine. Ce sont des lieux permettant de créer les conditions d’une rénovation urbaine d’initiative populaire. Prenons l’exemple de l’Université foraine de Rennes, qui a pour objet de questionner le patrimoine et d’imaginer des méthodes de réactivation de lieux oubliés, et de vivre le chantier comme un acte culturel, pour informer le public. Celui-ci serait écouté afin de faire évoluer le chantier au quotidien. Ainsi la permanence architecturale serait un moyen de connecter tous les acteurs du territoire. Le principe de permanence fait donc sens lorsque l’on parle de patrimoine, mais aussi à l’entrée d’un processus de réhabilitation. Il paraît essentiel d’acquérir une connaissance par le vécu du territoire, du savoir qu’on serait amené à prendre comme sujet. « Transformer l’abandon en potentiel, partir de l’existant, du non programmé et le travailler comme tel », tel était l’un des objectifs de l’Université foraine de la Gauthière à Clermont-Ferrand. Cela semble être un objectif à atteindre quand on se place dans un projet qui a pour vocation d’exister dans un processus de réhabilitation : mettre l’élément perdu au centre de la réflexion, en utiliser les vestiges, pour le faire réadvenir lors d’instants d’expérimentations plurielles. Tout en gardant à l’esprit que « la permanence remet toujours les objectifs en question ».

Patrick Bouchain et Loïc Julienne (dir.), « Le manifeste de la permanence architecturale ».

Université foraine de la Gauthière à Clermont Ferrand.